"Je sais pas ... Demande aux RH"

« Demande aux RH ! » : l’entité mystérieuse qui en a marre d’être pointée du doigt !

On la connaît tous, cette phrase qui agace tant : « Demande aux RH ». Mais qui sont-ils, ces RH ? Une espèce de vague entité diffuse qui ne porte même pas de prénom, qui n’est pas incarnée. Même les logiciels de reconnaissance vocale ont un prénom.  

C’est bien le problème : le manque d’identité de la fonction RH. Au mieux, les RH gèrent correctement la paie, au pire, les salariés et les dirigeants ne leur reconnaissent aucune valeur ajoutée. Dans certaines entreprises, on entend même encore parler de « chef du personnel », ce qui nous ramène 50 ans en arrière.

Dans bon nombre d’entreprises, la fonction RH est rattachée à la fonction finance et n’a pas de place au CODIR.

Pourquoi cette mise sous tutelle de la RH et ce manque de reconnaissance à part entière dans le pilotage de l’entreprise ?

Tout d’abord parce que beaucoup de dirigeants n’envisagent la gestion de leur entreprise que par le prisme financier : « il faut être rentable, faire du chiffre, dégager des bénéfices ». Oui, bien sûr que l’entreprise a pour vocation de créer de la valeur, notamment financière. Mais pas que… Selon moi, elle a une mission humaniste : celle de faire grandir ses collaborateurs, voire, soyons fous, de les rendre heureux dans leur travail.

Quand la vision financière prédomine, il paraît en effet compliqué de percevoir les bénéfices d’une fonction RH autonome, car elle sera souvent considérée comme une structure de coûts, et non d’investissement. C’est un peu comme la R&D ou l’innovation : il faut savoir investir sur du moyen / long terme pour récolter les bénéfices.

Ensuite, on peut rencontrer des entreprises dans lesquelles la fonction RH apparaît comme pourvoyeuse de babyfoot, de séminaires en tout genre animés par des « Chief Happiness Officer ». Là encore, la vision de la fonction RH me semble erronée : certes, son rôle est d’apporter du bien-être au travail, mais elle a malheureusement des préoccupations souvent bien plus pragmatiques, comme gérer des arrêts de travail, calculer les primes annuelles, ou rédiger des avenants et autres accords d’entreprises.

Alors, ça sert à quoi au juste la fonction RH ?

Un des grands théoriciens de cette question est Dave Ulrich, qui considère que la fonction RH a 4 rôles essentiels, comme illustré dans ce schéma.

Oui, le RH doit correctement gérer la paie et contribuer au bien-être des collaborateurs, mais il a une partie plus stratégique rattachée à son rôle, bien souvent oubliée.

Quel intérêt pour l’entreprise ?

Donner un rôle un peu plus stratégique à la fonction RH, c’est se permettre d’anticiper des départs et des recrutements par exemple, c’est comprendre pourquoi certains salariés sont moins motivés, c’est savoir que la législation évolue et va impliquer des changements dans l’entreprise, ou préparer une communication interne pertinente lors de projets de changement. Plus la fonction RH est impliquée en amont dans les discussions, plus elle sera efficiente dans son rôle opérationnel.

Quelle tendance pour la fonction RH ?

L’un des effets secondaires de la crise sanitaire a été de faire émerger l’importance de la fonction RH : entre activité partielle, mise en place du télétravail et gestion du risque sanitaire, elle a bien souvent été en première ligne pendant les dernières années. Et gérer ce type de situations, heureusement exceptionnelles, demande du savoir-faire, des compétences. Car oui, c’est un métier. Il y a même des diplômes en RH ! Et ce n’est pas pour rien.

Heureusement, les formations en RH se développent de plus en plus et les professionnels de cette fonction sont de plus en plus qualifiés. Ils sont là pour accompagner les collaborateurs tout au long de leur parcours professionnel, pour aider l’entreprise à se développer, pour anticiper les évolutions et les besoins à venir.

Alors, si vous en avez marre d’entendre « Demande aux RH », peut-être est-il temps de changer votre regard sur cette fonction. Les RH, c’est un métier à part entière, qui demande un petit peu plus d’attention et de reconnaissance.